(Cet article a été publié par l’auteur dans le numéro de juillet 2011 du magazine Vente à Distance & E-Commerce)
Vente à Distance et E-Commerce : De la base de données, en passant par la mutualisation transactionnelle et la connaissance des clients sur le web, peut-on parler d’une connaissance 360° des clients ? Quels sont les enjeux ?
Didier Farge : Plutôt que de « connaissance 360° », je préfère parler de « marketing relationnel et cross canal ». Parce que le marketing relationnel consiste à engager et créer une vraie relation interactive avec le client. Envoyer un message au client, lui donner la possibilité de choisir le canal par lequel il souhaite être contacté, c’est cela, la réalité du cross canal dans la relation clients. . Nous sommes clairement passés d’un monde du multicanal où l’on empilait les canaux, à un monde où les canaux se croisent réellement : un client peut être contacté par téléphone, nous répondre par mail pour nous dire qu’il préfère recevoir une offre par courrier….
On parle désormais de « trans-canalité » pour définir le parcours d’achat d’un client. Un consommateur peut commencer par prospecter sur le web, recevoir un mailing postal, passer un acte d’achat ou visiter un magasin, ou encore prendre des renseignements dans un groupe de discussion ou sur les réseaux sociaux. Mais cela peut encore simplement passer par la réception d’un catalogue papier.
Sur ce dernier point, une étude récente a démontré qu’en supprimant, dans le parcours client, le catalogue papier, on constate une baisse des ventes sur le web.
Le multicanal, c’est regarder les achats d’un client par le prisme du dernier achat. Mais cela ne permet pas de comprendre le parcours d’achat en lui-même.
Il y a actuellement un foisonnement d’initiatives sur la compilation du parcours client. Mais je connais peu d’outils complets qui sont capables de le faire. Pour notre part, nous réalisons des études spécifiques sur le parcours clients.
Chez Conexance, nous intégrons les données transactionnelles et nous y ajoutons les données relatives au canal d’achat. On peut ainsi savoir ce que les clients achètent, par quel canal, et cela nous permet de travailler sur les parcours d’achat précédents.
Les enjeux sont clairs: accompagner nos clients vers la fidélisation de leurs meilleurs clients à travers une meilleure connaissance de leurs clients. Il s’agit d’une source importante d’économies dans la mesure où cette connaissance permet de ne s’adresser en priorité qu’aux clients qui offrent le meilleur potentiel ? Cette connaissance permet également d’optimiser les prospections en intensifiant la communication auprès des clients qui ont le plus fort potentiel d’achat.
La segmentation des bases clients est un enjeu primordial. Certains acteurs l’ont parfaitement intégré, comme les banques et les VADistes. D’autres, comme le e-commerçants, sont en train d’y venir.
Nous accompagnons les nouveaux arrivants vers les bienfaits du marketing relationnel. Notre enjeu est de le faire à travers la fourniture de données de prospection, de fidélisation, mais aussi à travers des solutions en mode SaaS.
L’un des arguments-phare du marketing relationnel est que la fidélisation coûte cinq fois moins cher que la conquête. Il faut donc communiquer moins, mais mieux.
Notre logique consiste essentiellement à accompagner le E-commerçant vers une logique de différenciation, de lui apprendre à mieux communiquer et de ne plus se focaliser sur une logique qui consiste à dépenser énormément d’argent sur des mots-clés pour ne pas générer un trafic de masse.
Nous n’intégrons aucune notion sur le client en tant que personne, mais bien à travers ses actes achats, car ce sont eux qui nous disent ce que le client va faire.
Si demain un client souhaite se faire plaisir, nous savons comment il va le faire, car au cœur de notre analyse de la transaction d’hier, d’aujoud’hui et de demain, notre travail consiste à connaître les achats des clients, à prédire leurs achats futurs et anticiper les plans marketing.
Vente à Distance et E-Commerce : Fournisseur pour les acteurs de VAD, puis pour des marchés sectoriels, quelles sont vos prochaines conquêtes de marchés ?
Nous visons actuellement les marchés Retail, qui a pour finalité de prédire les comportements d’achat en magasin, et celui du digital pur, qui vise à accroître la précision des ciblages comportementaux grâce à l’utilisation de données transactionnelles).
Vente à Distance et E-Commerce : En 2009, vous lanciez Connex View, outil de connaissance client sur le web. Le web 2.0 n'aurait-il pas fait naître de nouveaux usages/comportements ? Le datamining pourrait-il être la clé de la réussite?
La version actuelle est la première. Nous travaillons actuellement sur de nouvelles versions. Notre solution intègre l‘approche « one by one » qui permet d’adresser des scénarios automatiques de campagne.
Le marketing n’est plus un marketing « push » où la direction marketing programmait ses campagnes sur un rythme calendaire (du type « catalogue Automne-Hiver » et « Printemps-Eté », mais bien désormais un marketing « au fil de l’eau », avec des sollicitations envoyées en fonction de ce que le client fait ou, éventuellement, ne fait pas.
Nos systèmes permettent de proposer aux clients en cours d’achat, à travers tous les canaux, une sélection de produits que d’autres clients qui ont acheté le même produit ont également acquis.
Sur la question du datamining, nous travaillons essentiellement sur la base de scénarios qui peuvent être déclinés à l’infini. Ainsi, par exemple :
- le scénario « du merci » : il faut savoir que 60% des entreprises ne remercient pas un client qui achète. Alors qu’un remerciement est également une bonne occasion pour proposer d’autres produits (complémentaires, similaires...) ;
- le browsing : quand un client clique sur un lien donné, nous saurons qu’il est appétant sur une certaine typologie de produits et qu’il est donc intéressant de l’inclure dans certaines campagnes correspondant à ses centres d’intérêt.
- les paniers abandonnés : lorsqu’un client abandonne son achat en cours, pour diverses raisons, il peut être commercialement intéressant de conserver ce panier en mémoire pour lui renvoyer une offre personnalisée sur ce panier (réduction de prix, par exemple) ou même, lui demander pourquoi l’achat n’a pas été finalisé.
Il faut être bien conscient de la mobilité va tout changer. A partir de 2013, on aura plus de Smartphone que de téléphones classiques. Pour les achats à distance, cela va considérablement changer la donne. Même si nous ne disposons pas encore de toutes les connaissances sur ce marché, il faut être prêt.